Récit de passion et passion du récit
             
            
            Le
                    but de cette communication est d’entreprendre
                  un rapide tour d’horizon des implications, pour la théorie du récit,
                  des nouvelles orientations théoriques observables aujourd’hui dans
                  de nombreux secteurs des sciences humaines en direction d’une analyse
                  des discours (littéraires ou non), qui met en évidence la nature dialogique (ou interactive) des productions sémiotiques, ainsi
                  que l’intrication fondamentale entre affect et cognition, aussi bien dans la production que dans l’interprétation des textes.
                  Il sera ainsi question d’examiner plus précisément les rapports
                  qui existent entre passion et narration.
            Il
                    nous faut d’emblée préciser en quelques mots
                  l’usage que nous ferons du terme passion,
                  qui se réfère ici à un phénomène affectif d’ordre général,
                  une forme de pathos qui
                  met en lumière la « passivité » du sujet, la dimension affective de son expérience. Non pas tant que cette « passivité » serait
                  nécessairement opposée à une « activité » dans le sens
                  ou elle exclurait cette dernière : il s’agit bien plutôt de
                  mettre l’accent sur le fait que l’intentionnalité, qui part du
                  sujet et qui est dirigée vers l’objet, est ici inversée de sorte
                  que l’on s’intéresse davantage à la résistance qu’oppose l’objet
                  au « vouloir » et au « pouvoir » du sujet,
                  que l’on se penche sur la manière dont cet objet affecte le sujet. C’est la relation entre l’agir et le pâtir qui fera l’objet
                  d’une attention particulière, et nous montrerons qu’il est difficile
                  de penser l’un indépendamment de l’autre. Dans cette perspective,
                  s’il est question d’action, cette dernière sera envisagée essentiellement
                  comme une forme de réponse du sujet à une forme de questionnement ou de crise
                  qui lui vient de l’extérieur. 
            En fait, dans
                    notre approche de la narrativité, les dimensions
                  active et passive, loin de s’opposer, se complètent et s’éclairent
                  mutuellement et nous verrons notamment que, dans l’interprétation
                  d’un récit, l’activité cognitive anticipatrice (sous forme de pronostic ou diagnostic), est en quelque sorte activée par la réticence textuelle manifestée dans la « mise en intrigue » des événements,
                  et cette réticence vise à exciter
                  la curiosité de l’interprète
                  ou à produire du suspense, à l’intriguer, à l’impliquer
                  d’une manière ou d’une autre dans l’histoire, c’est-à-dire à accentuer
                  la dimension « passionnante » du texte en entretenant
                  une incertitude provisoire. Nous verrons ainsi qu’il est nécessaire
                  de repenser la corrélation entre ces deux faces, active et passive,
                  qui se manifestent au sein de chaque événement, et notamment dans
                  l’activité interprétative d’une fiction intrigante. Ainsi que l’affirme
                  Ricœur, l’« esthétique », en tant que théorie de l’actualisation
                  du texte par une conscience, a pour thème « l’exploration
                  des manières multiples dont une œuvre, en agissant sur un lecteur,
                  l’affecte. Cet être affecté a
                  ceci de remarquable qu’il combine, dans une expérience d’un type
                  particulier, une passivité et une activité, qui permettent de désigner
                  comme réception du
                  texte l’action même
                  de le lire » (Ricœur 1985 : 303). 
            Nous
                    voudrions enfin préciser que le terme « événement » ne
                  sera pas pris dans le sens de l’opposition classique entre événement
                  physique et action associée à un agent humain, telle qu’on la trouve
                  thématisée par exemple dans la philosophie analytique (cf. Revaz
                  1997), mais bien dans le sens de « ce qui fait événement » dans
                  la vie, c’est-à-dire ce qui se manifeste par une « saillance » et
                  qui constitue le « racontable » du récit.
            
              
La « mode » des émotions
                en analyse du discours
            
            La
                    récente et spectaculaire réorientation de
                  la sémiotique greimassienne en direction d’une « sémiotique
                  des passions » est particulièrement symptomatique de ce changement
                  de cap dans les sciences humaines qui a remis les émotions à la
                  mode (cf. Greimas & Fontanille 1991 ; Hénault 1994 ;
                  Sadoulet 1995 ; Fontanille & Zilberberg 1998 ;
                  Fontanille & Bordron 2000). Un point crucial que soulèvent
                  ces travaux tient à la mise en évidence d’une corrélation fondatrice, à la
                  racine de la schématisation narrative, entre la tension caractérisant
                  l’événement et l’extension engendrant le procès :
            [Au
                    niveau] de la transformation discursive, la forme sensible est
                    celle de l’événement,
                  caractérisé par son éclat et sa saillance, et sa conversion intelligible
                  et extensive engendre le procès,
                  souvent défini comme un « entier » quantifiable et divisible
                  en aspects ; inversement, le procès n’est saisissable pour
                  le sujet du sentir que s’il est modulé par l’intensité qui
                  en fait un événement pour l’observateur. La corrélation fondatrice
                  de la schématisation narrative du discours serait donc celle-ci :     
            événement      ó     procès
   intensité              extensité
        
    
            (Fontanille & Zilberberg 1998 :
                  77)
            A travers l’affirmation de cette corrélation
                    fondatrice, la question de la tension narrative peut dès lors revenir au cœur d’une réflexion sémiotique
                  sur la narrativité, et cette approche « passionnelle » du
                  discours et de sa schématisation recoupe les préoccupation de nombreuses
                  autres disciplines connexes.
            Du côté de la linguistique, le passage d’une linguistique structurale à une linguistique énonciative s’est également
                    accompagné d’un regain d’intérêt pour l’analyse des marques
                    de l’émotion dans la langue et
                    par la réhabilitation des travaux de Charles Bally et de Roman
                    Jakobson. Jakobson affirmait en effet que la « fonction émotive,
                    patente dans les interjections, colore à quelques degrés tous
                    nos propos, aux niveaux phonique, grammatical et lexical » (1963 :
                    215) et Jean-Michel Adam (à paraître) rappelle « l’intérêt,
                    pour la théorie de l’argumentation contemporaine, qui (re)prend
                    en compte la théorie du pathos, d’une linguistique énonciative » qui se penche
                    sur la question « des émotions et de l’affectivité dans
                    la langue ». L’essor des approches interactionniste et pragmatique a par ailleurs
                    mis en évidence le fait que certains éléments du texte et du
                    contexte fonctionnaient comme des inducteurs d’émotion chez l’interprète
                    (cf. Plantin, Doury & Traverso 2000). Mais cette réflexion
                    sur la dimension émotionnelle et interactive de l’interaction
                    verbale n’est pas nouvelle et se trouve déjà esquissée dans la
                    fameuse étude de William Labov (1978) qui visait à mettre en évidence
                    les nombreux « procédés évaluatifs » dont se servent
                    les locuteurs pour justifier la pertinence de leurs récits :
            Dès lors qu’un événement devient plus ou moins
                  commun, qu’il cesse de violer une règle de comportement établie,
                  il perd son caractère mémorable. C’est pourquoi le narrateur, soumis
                  qu’il est à la pression sociale, se sent toujours contraint de
                  bien montrer que les événements vécus par lui étaient vraiment
                  dangereux et inhabituels, ou que la personne dont il parle a réellement
                  enfreint les règles d’une façon grave et digne d’être rapportée.
                  Bref, ce que disent les procédés évaluatifs, c’est [que] c’était
                  tout le contraire du banal, du quotidien, de l’ordinaire. (Labov
                  1978 : 475-476)
            L’approche de Labov souligne donc non seulement qu’il est nécessaire
                  de tenir compte de l’articulation du récit avec sa situation énonciative
                  - l’interaction verbale, directe ou différée, au sein de laquelle
                  il se déroule - mais également de la nature « passionnante » de
                  ce qui est narré, qui doit être conforme à la règle conversationnelle
                  de la pertinence. Jean-Paul Bronckart (1996) souligne lui
                  aussi le fait que le statut dialogique de la séquence narrative
                  (même, et surtout, dans le dialogisme différé propre aux textes
                  littéraires) dépend avant tout de la production d’une tension donnant du « relief » au discours et assurant
                  sa « mise en intrigue » et sa pertinence au niveau de
                  la relation interlocutive. Ce point de vue est repris et développé par
                  Robert Bouchard (1996), qui distingue les textes à « tension
                  externe », c’est-à-dire ceux qui permettent de résoudre une
                  tension déjà présente dans l’interaction, comme par exemple les
                  notices de montages ou les recettes de cuisine, des textes à « tension
                  interne », dont les récits de fiction seraient particulièrement
                  représentatifs.
            Parallèlement à ces
                    travaux, qui insistent sur la force de la parole, sur son rapport avec un contexte pragmatique
                    et interactif, il faut signaler également le retour de la rhétorique
                    dans le champ de l’analyse de discours car, comme le résume Claudia
                    Caffi, « au fond, la rhétorique tout entière peut être conçue comme
                    un inventaire infini de dispositifs produisant des émotions » (2000 :
                    89). Cette approche du discours qui insiste sur les moyens à disposition
                    de l’orateur lui permettant de produire du pathos trouve
                    d’ailleurs un prolongement spécifiquement narratif dans la notion
                    de catharsis, cette fonction du discours qui avait été définie,
                    dans la Poétique d’Aristote, comme
                    un effet d’épuration des passions constituant la finalité des
                    arts mimétiques. La tradition rhétorique et poétique héritée
                    d’Aristote a été élargie, modernisée et réinscrite au cœur des
                    questions narratologiques par le biais notamment des travaux
                    de Meir Sternberg (1978 ; 1990 ; 1992), qui distingue,
                    parmi les effets poétiques engendrés par le récit, trois modalités
                    principales, liées chacune à différents « modes d’exposition » de
                    l’action : le suspense (qui dépend d’une narration chronologique), la curiosité (qui est produite par une exposition retardée et énigmatique)
                    et la surprise (qui
                    fait surgir soudainement une information qui nous avait été dissimulée). 
            Les propositions
                    théoriques de Sternberg ont également donné naissance,
                  dans le cadre des travaux d’orientation cognitiviste, à la « structural-affect
                  theory » qu’ont développé Brewer et Liechtenstein (1982)
                  et qui est venu donner une assise empirique et psychologique à l’analyse
                  stylistique portant sur les modes d’exposition du récit (cf. également
                  Jose & Brewer 1985 ; Brewer 1996). Toujours dans le champ
                  des sciences cognitives, et dès 1979, Beaugrande et Colby ont attiré l’attention
                  sur certains aspects formels rendant les récits plus « intéressants »,
                  et donc plus « résistants » dans la mémoire des sujets,
                  aspects qui portent essentiellement sur la gestion d’une incertitude
                  provisoire du texte : « Information is often withheld
                  about linkages of states or events, either because it is inferrable
                  or in order to maintain uncertainty and interest » (1979 :
                  48). Ce point de vue était également partagé par Van Dijk (1976)
                  qui soulignait que le récit, pour être acceptable, devait décrire
                  un cours d’événement imprévu dans lequel l’intention du sujet était
                  contrariée d’une manière ou d’une autre. L’intention et sa structure
                  téléonomique sont d’ailleurs au fondement de la théorie du « schéma » développée
                  par Mandler et Jonhson et qui a connu un succès important dans
                  le champ de la psychologie cognitive. Plus récemment, Michel Fayol
                  (2000) a montré que le récit porte généralement - dès lors qu’il
                  atteint un certain degré d’élaboration dans le développement ontogénétique
                  du sujet parlant - sur la transgression d’un « script »,
                  c’est-à-dire sur la rupture d’une routine instituant un développement
                  actionnel prévisible.
            Lorsqu’un événement inattendu survient ou qu’un
                  obstacle surgit, le déroulement des faits ne suit pas un décours
                  habituel. Cette situation devient un objet potentiel de narration
                  […]. Le caractère inhabituel des faits est perçu et construit comme
                  entraînant une réaction et une (ou plusieurs) action(s) du « héros » de
                  l’histoire visant à rétablir la situation initiale ou à la modifier
                  pour s’adapter. (Fayol 2000 : 195)
            Du côté des théories de la réception, Hans-Robert Jauss (1979)
                  a pour sa part réactualisé l’étude de la catharsis (en relation avec la poiesis et l’aisthesis), et cette ouverture, enrichie par une perspective psychanalytique,
                  a été poursuivie notamment par les travaux de Michel Picard sur
                  les fonctions ludiques du récit et sur la question l’immersion
                  dans des univers fictionnels. Cette question de l’immersion a
                  fait par ailleurs l’objet d’analyses récentes dans une perspective
                  plus cognitiviste, notamment dans l’ouvrage que Jean-Marie Schaeffer a
                  consacré à la fiction (1999) ou dans les travaux de Mary-Laure
                  Ryan sur les rapports entre fiction et réalité virtuelle (1994 ;
                  2004). Dans un entretien publié sur Vox Poetica,
                  Jean-Marie Schaeffer précise d’ailleurs, au sujet des
                  travaux qu’il a consacré à l’immersion ludique dans les mondes
                  possibles de la fiction, que les fonctions cognitives sont indissociables
                  de la dimension affective : « Ce terme [cognitif] est
                  souvent lié à l’opposition cognitif / affectif. Or, quand je dis "fonction
                  cognitive", c’est une cognition qui est saturée affectivement.
                  Il me semble qu’il n’y a que cette cognition-là qui soit effective
                  dans la vie réelle. Seules les croyances qui sont saturées affectivement
                  guident nos actions. » 
            
              
Représentation d’actions ou représentation de passions ?
            
            Toutes ces
                    perspectives plus ou moins convergentes que nous venons de passer
                    en revue rendent possible une approche
                    renouvelée de
                  la narrativité dans laquelle la dimension passionnelle (ou passionnante) des événements relatés, ainsi que les traits du suspense, de la curiosité ou de la surprise, qui sont intimement liés au phénomène de la « mise
                  en intrigue » et à la tension interne du discours (que nous baptisons : tension narrative) peuvent enfin (ou peuvent à nouveau) jouer les premiers rôles. Pourtant, il semble bien
                  que cette dimension passionnelle de la narrativité demeure encore
                  soit partiellement occultée, soit marginalisée, et cela pour des
                  raisons aussi bien idéologiques qu’esthétiques, et nous aimerions
                  brièvement revenir sur les raisons probables de cet état de fait.
            En effet, la
                    critique marxiste et l’esthétique moderniste de « l’art
                  pour l’art » ont longtemps rejeté dans les marges ces traits
                  du récit : la tension ou
                  le suspense étaient jugés comme des artifices racoleurs ne pouvant
                  servir qu’une finalité commerciale et connotant nécessairement
                  des œuvres populaires et déclassées (sur cette question de la « valeur
                  littéraire du suspense », cf. Baroni 2004a). De ce point de
                  vue, le retour de l’intrigue et le brouillage des valeurs dans
                  l’esthétique postmoderne sont probablement aussi fondamentaux dans
                  la possibilité qui est aujourd’hui offerte de remettre en avant
                  la dimension passionnelle de la narrativité, que l’émergence d’une
                  sémiotique des passions, le retour de la rhétorique et le passage à une
                  linguistique énonciative et pragmatique.
            On constate
                    en effet que les avancées réalisées notamment par
                  Barthes (1970 : 1973), Genette (1972) ou Grivel (1973), ont été longtemps
                  limitées par l’esthétique dominant le champ artistique de leur époque.
                  Pour Grivel par exemple, son analyse de l’intérêt romanesque ne
                  pouvait porter que sur un corpus d’œuvres restreint, composé de
                  romans « populaires » qui s’étalaient entre 1870 et 1880,
                  il ne s’agissait donc nullement d’une analyse narratologique à visée
                  généralisante, mais bien d’une analyse ayant une connotation fortement
                  historique. Quant à Genette (1972), Sternberg (1992) a montré que
                  sa focalisation sur les distorsions temporelles dans l’œuvre de
                  Proust dépendait de la valorisation d’une esthétique de la complexité,
                  et qu’elle était également tributaire d’un déclassement a priori des récits chronologiques visant la production d’un
                  certain suspense. 
            Barthes, pour
                    sa part, a décrit dans S/Z (1970) et dans Le Plaisir du texte (1973) les codes qui structurent le récit selon une
                    logique irréversible (codes herméneutique et proaïrétique qui s’apparentent
                    aux effets de curiosité et de suspense) mais,
                    en même temps, il a condamné la lecture linéaire comme une perversion
                    (une forme de voyeurisme) et un asservissement à la logique économique
                    du marché des biens symboliques pour valoriser à l’inverse une
                    esthétique de la relecture :
                    la lecture « étoilée » et totalement réversible. « Ce
                    qui bloque la réversibilité », affirme-t-il, « voilà ce
                    qui limite le pluriel du texte classique. Ces blocages ont des
                    noms : c’est d’une part la vérité et d’autre part l’empirie :
                    ce précisément contre quoi ----- ou entre quoi- - s’établi le
                    texte moderne » (1970 : 33). Si l’analyse d’une œuvre
                    balzacienne permet d’éclairer ces traits passionnels de la narrativité qui
                    orientent le texte de son nœud vers son dénouement, il est donc
                    affirmé que ces « blocages » de la réversibilité et
                    de la pluralité interprétative ne caractérisent qu’une esthétique
                    classique révolue. Là encore, on ne toucherait donc pas à un
                    trait fondamental de la narrativité. 
            Bien que la
                    dimension passionnelle ou « tensive » apparaisse
                  aujourd’hui, pour de nombreux auteurs (p. ex. Sternberg, Brewer,
                  Picard, Jouve, Bronckart, Bouchard, Fontanille, Zilberberg, etc.),
                  comme un trait fondamental de la narrativité, et bien que les émotions
                  soient revenues à la mode dans de nombreux secteurs des sciences
                  humaines, il nous semble malgré tout que l’on assiste encore à une
                  certaine résistance dans le renouvellement de la définition du
                  récit, de sa nature et de sa fonction anthropologique. Peut-être
                  cette résistance tient-elle, ainsi que nous l’avons suggéré, à la
                  difficulté de surmonter certains préjugés esthétiques condamnant,
                  dans le domaine des arts, le recours à des effets émotionnels ;
                  mais il y a probablement une cause plus profonde et plus théorique à cette
                  situation : le récit conçu, depuis Aristote, comme une imitation
                  d’action (une mimèsis praxeos) semble, par sa nature même, mettre au premier plan
                  la dimension active de
                  l’expérience. La dimension passive apparaît
                  alors comme l’apanage d’autres modes d’expression qui ne sont pas a
                  priori narratifs, tels que
                  le lyrisme par exemple, qui s’oppose à l’épopée ou à la tragédie.
                  Par conséquent, c’est bien la logique de l’action (cf.
                  Bremond), avec sa dynamique projective configurant une temporalité,
                  par opposition à la question apparemment statique des états ou des passions, qui a longtemps occupé l’avant-scène de la réflexion de la narratologie
                  structuraliste.
            Mais une telle
                    opposition masque le fait que l’activité et la passivité, la cognition et l’émotion, sont des dimensions indissociables au sein des phénomènes,
                    qu’elles sont présentes dans chaque événement, dans chaque représentation
                    ou dans chaque discours produit ou interprété. Ainsi que l’affirmait
                    Ricœur dans un entretien avec Greimas autour de la sémiotique
                    des passions : « D’un point de vue phénoménologique
                    on ne peut rencontrer le problème du pâtir que si on a affaire à des êtres "agissants".
                    […] Si nous n’étions simplement que des êtres mécaniques, si
                    nous n’étions pas les auteurs de nos actions, capables de passer
                    par les modalités du vouloir et du pouvoir, nous ne saurions
                    pas ce que c’est que les passions. C’est à des êtres agissants
                    qu’il arrive ce quelque chose : souffrir » (Hénault
                    1994 : 211). 
            Entreprendre
                    une action, c’est se heurter à une résistance potentielle,
                  c’est prendre le risque d’échouer dans l’actualisation de son intention.
                  Quand ce risque apparaît nul, quand on nage en pleine routine,
                  il n’y a rien à raconter, le monde est absent, il n’y a pas événement,
                  le temps est réduit à une simple répétition, à un éternel retour
                  du « présent-absent ». Au contraire, lorsque l’action
                  est menacée dans son accomplissement, lorsqu’elle est contrariée
                  d’une manière ou d’une autre, lorsque l’on est amené à produire
                  des pronostics incertains sur son succès ou son échec, alors l’événement devient
                  sensible et la temporalité s’approfondit, nos pronostics luttent
                  contre un futur écrasant de sa présence. De même, lorsqu’on nage
                  en plein brouillard, lorsqu’on ne parvient plus à distinguer les
                  objets, les êtres ou à saisir le sens de leurs actions, nos diagnostics s’opposent à un présent ou à un passé lourds de mystères. Il se passe quelque
                  chose et cela mérite peut-être
                  d’être raconté, et pas seulement décrit ou expliqué.
            Prendre en
                    compte la dimension passionnelle du récit revient ainsi à concevoir
                  que la narrativité consiste précisément en la mise en scène de
                  l’indétermination du monde et/ou du devenir, c’est le lieu où l’action
                  se représente dans son incertitude, le lieu où peuvent être explorées
                  les obscurités du monde et du futur dans lesquelles s’enracinent
                  nos angoisses et nos espoirs. Mais c’est aussi le lieu où le monde
                  manifeste sa présence, son extériorité, le lieu où les actions
                  apparaissent comme la réponse à une « crise », le lieu
                  où les composantes de l’action et l’identité du sujet peuvent émerger à travers
                  le temps, se détacher du fond aveuglant de nos routines quotidiennes :
                  les contours de l’agir se dessinent grâce à l’ombre projetée par
                  ce qui résiste à notre pouvoir et cette ombre se maintient dans
                  la lumière qu’apportent nos schèmes prévisionnels et explicatifs.
            
              
Perspectives
                pour un renouvellement des questions narratologiques…
            
            Une narratologie
                    renouvelée par la prise en compte des dimensions
                  affective et interactive pourrait prendre plusieurs directions :
                  un pôle focalisé sur la réception mettrait notamment en évidence les phénomènes qui
                  rendent un récit passionnant,
                  il pourrait également examiner les diverses modalités selon lesquelles
                  l’affect initial, qui se trouvait à l’origine du récit, se prolonge,
                  trouve une résonance chez l’interprète, que ce soit sur un plan économique
                  (le récit passionnant fait vendre) ou sur un plan rhétorique (le récit émouvant fait agir) ; du côté de la production, il serait possible d’éclairer l’articulation entre
                  l’événement et sa narrativisation, le récit rejouant dans sa structure
                  discursive, mais sans la reproduire à l’identique, la rupture instaurée
                  par l’événement vécu, qui se noue et se dénoue ; enfin, la
                  différence entre la crise vécue et
                  la crise racontée met
                  en tension une visée totalisante et compréhensive du discours (qui
                  tente de s’approprier l’événement saillant ou imprévu, de le domestiquer,
                  de colmater la brèche ouverte par la « crise » ou par
                  l’« intrusion » d’autrui) avec une visée éthique qui
                  pose l’exigence d’une fidélité de la parole au vécu, et qui renonce
                  par conséquent à intégrer ce dernier, dans un mouvement rétrospectif
                  visant une explication ou une compréhension.
            Au fondement
                    de la production narrative de nature factuelle, on pourrait donc
                    mettre en évidence une forme de nouement liée à une
                  crise, une tension existentielle mettant en jeu l’indétermination
                  du monde et/ou du futur, qui trouverait une réponse dans la production
                  narrative. Dans Pourquoi nous racontons-nous des histoires ?,
                  Bruner insiste précisément sur ce point :
            Concevoir
                    une histoire, c’est le moyen dont nous
                  disposons pour affronter les surprises, les hasards de la condition
                  humaine, mais aussi pour remédier à la prise insuffisante que nous
                  avons sur cette condition. Les histoires font que ce qui était
                  inattendu nous semble moins surprenant, moins inquiétant :
                  elles domestiquent l’inattendu, le rendent un peu plus ordinaire. "Elle
                  est bizarre, cette histoire, mais elle veut dire quelque chose,
                  non ?" : il nous arrive de réagir ainsi, même en
                  lisant le Frankenstein de Mary Shelley. (Bruner 2002 : 79-80)
            La narrativité peut ainsi être définie fonctionnellement (au niveau
                  anthropologique) comme la conversion d’une tension existentielle en une tension narrative, comme la transfiguration d’un trait passionnel de l’événement vécu en un trait passionnant de l’événement raconté. L’ancrage de la narrativité dans
                  un fond humoral est certainement un point fondamental dans le domaine
                  des récits factuels, et si « raconter sa souffrance » peut
                  fournir l’occasion de produire un discours passionnant pour
                  autrui, c’est aussi et surtout, ainsi que le suggèrent Maury-Rouan
                  et Vion (1994), un moyen pour soi d’avoir prise sur cette souffrance, de lui donner
                  un sens.
            Par ailleurs,
                    du côté de l’interprète cette fois, la tension existentielle
                  se distingue de la tension narrative du fait que la réticence manifestée
                  par la mise en intrigue est perçue comme une réticence provisoire
                  contenant la promesse d’une résolution harmonieuse, d’une résolution
                  dont la responsabilité incombe à quelqu’un d’autre (le narrateur)
                  qui connaît la fin à l’avance et qui a agencé les événements dans
                  le but précis d’atteindre cette « fin ». Le dénouement
                  attendu définit la possibilité émergente d’une compréhension, d’un « prendre
                  ensemble » du segment existentiel formant une totalité signifiante :
                  le récit thématise le monde et sa dynamique est alternativement
                  projective et rétrospective.
            Se pose alors
                    la question des conditions de possibilité d’une « intrigue » qui
                  aurait pour objectif de rester fidèle à l’événement dans lequel
                  elle s’enracine, d’un récit (récit factuel, autobiographie ou récit
                  de vie) qui, par conséquent, renoncerait à trahir l’événement en
                  le thématisant, en convertissant les personnes en personnages (ou, pour reprendre une terminologie de la narratologie thématique :
                  en « rôles », en « acteurs » ou en « actants »),
                  en écrasant sa temporalité et en surmontant sa « discordance » initiale
                  (cf. Ricœur) par la structure « configurante » ou « concordante » d’une
                  totalité fermée. Il y a bien une contradiction entre la visée pragmatique de la production narrative, en tant que réponse à une « crise » -
                  cette tendance à la construction d’une signification dont parle
                  Bruner - et l’exigence éthique d’une fidélité du
                  discours par rapport à un événement que l’on sait irrécupérable,
                  dont l’origine et les conséquences se perdent à l’horizon, dans
                  lequel nous ne sommes pas seuls impliqués, et au sein duquel nos
                  actions apparaissent comme une forme de réponse à un affect, à une
                  injonction venue de extérieur.
            Le récit qui vise à rester fidèle à sa
                    source devrait se tenir dans cette tension entre le besoin de faire
                    la lumière sur ce qui est arrivé et la nécessité de préserver
                  la part d’ombre où se
                  tient l’Autre, un Autre qui n’est pas ramené au Même, mais qui
                  manifeste au contraire son altérité et l’extériorité de son point
                  de vue par sa résistance à notre pouvoir, Autrui qui surgit comme
                  Adversaire ou comme Sujet du Désir, Autrui qui noue une intrigue
                  avec nous et qui se trouve également à la racine de la prise de
                  parole parce qu’il nous a requis par sa présence. Michel Vanni
                  (2004), dans une réflexion qui recherche à réconcilier la pensée
                  de Lévinas avec la praxis, suggère ainsi que le schème du récit
                  serait, malgré sa tendance configurante, adéquat pour transcrire
                  le mouvement de la réquisition par autrui qui est au cœur de l’éthique.
                  Il affirme qu’il est ainsi possible d’entendre la série temporelle
                  du récit comme un prolongement de l’affect - et non pas comme une
                  structure formelle se retournant sur l’affect pour l’intégrer -
                  un prolongement sans retour, pur “envoi” et il conclut qu’on peut
                  considérer la crise ou la mise en question provoquée par l’effraction
                  de l’autre, comme une sorte « d’embrayeur de récit ».
            Nos propres
                    recherches (cf. Baroni 2002b ; 2004a ; 2004c ;
                  2005b ; à paraître) se présentent comme une tentative de repenser
                  le concept de séquence narrative.
                  L’accent est mis sur le fait que c’est par le biais d’une tension
                  interne que le récit se structure
                  séquentiellement, qu’il inscrit
                  les événements dans une totalité, d’abord attendue, puis finalement
                  réalisée. Ainsi que le remarque Jean-Paul Bronckart : « S’il
                  est rarement posé comme tel, le statut dialogique de la séquence
                  narrative est néanmoins évident. […] Cette séquence se caractérise
                  toujours par la mise en intrigue des événements évoqués. Elle dispose ces derniers
                  de manière à créer une tension,
                  puis à la résoudre, et le suspense ainsi établi contribue au maintien
                  de l’attention du destinataire » (1996 : 237).
            La tension narrative est
                    donc ce qui survient lorsque l’interprète d’un récit est encouragé à prévoir
                    et à attendre un dénouement, cette attente étant
                    caractérisée par une anticipation teintée d’incertitude. La tension narrative contribue
                    au phénomène de la mise en intrigue, elle dépend d’une certaine « réticence » du
                    texte à fournir une information que l’interprète souhaiterait
                    connaître d’emblée, et cette tension interne structure et oriente
                    séquentiellement le discours tout en assurant en même temps sa
                    pertinence au niveau de la relation interlocutive. Nous avons
                    dégagé, à la suite des travaux de Sternberg, deux modalités thymiques
                    principales de la tension narrative : le suspense et
                    la curiosité. La curiosité se définit comme un effet qui découle
                    d’une représentation énigmatique de la situation narrative, alors
                    que le suspense dépend pour sa part d’une incertitude qui porte
                    sur le devenir d’une action, dont la représentation respecte
                    au moins partiellement la chronologie. La chronologie, quand
                    elle contribue à produire une tension, apparaît ainsi comme une réticence du
                    texte, car elle retarde l’exposition d’un élément du discours
                    que l’interprète voudrait connaître d’emblée. Cette approche
                    qui tient compte à la fois de la structure de l’action prise
                    en charge par le récit, des modes de textualisation de celle-ci
                    et des effets poétiques qu’elle contribue à produire, consiste
                    par conséquent en une tentative de réconcilier la narratologie
                    thématique (type Bremond) avec la narratologie formelle (type
                    Genette) alors que la tradition les a longtemps opposées.
            La logique
                    actionnelle sous-jacente au récit, que les structuralistes
                  concevaient comme l’architecture immanente du texte, se double
                  ainsi d’une saisie impressive, qui lui est indissociable et qui
                  se développe au cours du processus interprétatif sur la base de
                  la rencontre entre un mode de textualisation spécifique, marqué par
                  une réticence stratégique, et une activité protensive d’anticipation
                  qui s’oppose à cette réticence. Ce qui permet de déterminer les
                  lieux où le texte se noue et se dénoue, ce sont par conséquent
                  les interrogations que  produit l’interprète en un point donné du
                  récit et les pronostics et les diagnostics qu’il établit afin de compenser cette relative perte
                  de contrôle dans l’interaction discursive qui est liée à une réticence
                  du texte. Naturellement, les schémas anticipés sont souvent contredits
                  par le texte, qui parvient ainsi à nous surprendre et nous oblige à objectiver nos attentes et à les
                  corriger. La dynamique polarisée du récit, ainsi que l’a clairement
                  exprimé Umberto Eco (1985), met en jeu deux plans de structuration :
                  une structure anticipée et
                  une structure actualisée,
                  qui ne se recoupent pas nécessairement, et c’est de la tension entre ces deux structures que peut émerger le sens du texte. La surprise, en relation avec la tension narrative, apparaît dans cette approche comme l’une des fonctions
                  heuristiques majeures que l’on peut associer à la narrativité ;
                  elle repose sur un processus de méta-abduction résultant d’une
                  abduction qui s’est avérée malheureuse dans le processus interprétatif
                  (cf. Eco 1986).
            Le dispositif
                    narratif ne rythme effectivement le discours et ne tient en haleine
                    l’interprète, que dans la mesure où l’attente
                  est vécue dans une passivité relative, dans la conscience d’une incertitude liée à une réticence lisible dans le texte et à un caractère ouvertement
                  imprévisible (le pacte de lecture implique que l’histoire doit être
                  en mesure de surprendre). Cette réticence, qui est donnée comme
                  provisoire, produit alors une tension interne qui
                  confère du relief au discours et qui oriente l’interprétation par
                  l’attente d’un dénouement à venir. C’est cette double dialectique
                  qui apparaît fondamentale dans la mise en intrigue : d’une
                  part celle qui résulte du rapport, dans l’interprétation, entre émotion et cognition,
                  ou entre incertitude et anticipation, et d’autre part celle qui existe entre la réponse anticipée de
                  l’interprète et la réponse effective du
                  texte, dont pourra éventuellement émerger une surprise mémorable.
            Ce rapide inventaire
                    ne représente que les premiers jalons, posés
                  par plusieurs chercheurs d’origines diverses, pour une réflexion
                  portant sur les rapports entre passion et narration. De nombreuses
                  autres extensions pourraient être envisagées :
            -            une
                  approche passionnelle de
                  la narrativité pourrait conduire à reformuler la distinction entre « histoire » et « discours » formulée
                  par Benveniste, qui a longtemps masqué la dimension proprement
                  dialogique, pragmatique et énonciative de la mise en intrigue dans
                  les fictions littéraires ;
            -            la
                  question de la fidélité des récits autobiographiques à un vécu,
                  largement critiquée par les courants constructiviste et textualiste,
                  pourrait aussi faire l’objet d’un réexamen à la lumière de l’ancrage
                  du récit dans un corps et dans un affect dont l’origine est située à l’extérieur
                  du sujet ;
            -            d’autres
                  modalités de la tension narrative que celles qui dépendent de la dialectique entre anticipation et incertitude pourraient également être explorées : par exemple,
                  on pourrait montrer que, dans le genre tragique, le caractère inéluctable
                  du dénouement ne neutralise nullement la tension, car cette dernière repose essentiellement sur la
                  contradiction entre un savoir et
                  un vouloir, c’est-à-dire,
                  dans un langage aristotélicien, sur la pitié davantage
                  que sur la crainte ;
            -            il
                  faudrait enfin s’interroger sur le sens particulier que prend la « fin-en-suspens » qui
                  caractérise les récits de vie (racontés par des vivants !), mais également
                  de nombreux récits d’actualité ouverts
                  sur la sérialisation (dans la presse ou les médias audio-visuels),
                  les feuilletons littéraires et de nombreux récits littéraires plus
                  ou moins déceptifs ; une telle « fin-en-suspens » s’oppose
                  en effet à la « clôture classique » et à la position
                  distanciée et rétrospective que l’on observe dans les genres narratifs
                  qui ont retenu la plupart du temps l’attention exclusive des narratologues, à savoir
                  la fiction littéraire et l’historiographie.
            Sur ce dernier point, la confusion entre configuration (essentiellement rétrospective, voire atemporelle)
                    et mise en intrigue (essentiellement
                    projective, accentuant la temporalité du discours), confusion
                    que l’on doit essentiellement à l’acception extrêmement large
                    de la notion d’intrigue qui s’est popularisée par le biais des
                    travaux des historiens ou philosophe « narrativistes » (cf.
                    Veyne, Danto, Mink, White, Ricœur, etc.), pourrait également être
                    questionnée. Ainsi que l’affirme Louis O. Mink, la configuration tend à gommer
                    le caractère progressif de la lecture, elle tend également écraser
                    la temporalité de l’événement relaté : « The more one
                    comes to understand the actual relations among a number of events,
                    as expressed in the story or stories to which they belong, the
                    less one needs to remember dates. » (Mink
                    1969-1970: 555). A l’inverse, notre approche « passionnelle » de
                    l’intrigue souligne que cette dernière possède un caractère irréductiblement
                    temporel lié à son actualisation par un interprète : elle établit
                    une tension interne dans
                    l’interprétation (même dans la réitération), elle accentue l’attente d’un dénouement et contribue à polariser et à creuser la temporalité du discours en direction du futur,
                    que ce soit par une forme quelconque de « réticence » textuelle
                    nous contraignant à anticiper le dévoilement d’une information
                    provisoirement cachée, ou par l’évocation d’un événement saillant
                    et imprévisible, qui apparaît dans toute son épaisseur chronologique.  
            Universités
                  de Lausanne et de Fribourg
            
              
Bibliographie sommaire
            
            Adam, J.-M. (1997), Les Textes:
                    types et prototypes, Paris, Nathan.
            Adam,
                    J.-M. (à paraître), “Penser
                  la langue dans sa complexité: les concepts de gradualité, dominante et comparaison chez Bally”. 
            Amossy,
                    R. (2000), “Pathos, sentiment
                  moral et raison: L'exemple de Maurice Barrès”, in Les Emotions
                  dans les interactions, Ch. Plantin, M. Doury, and V. Traverso (éd.), Lyon,
                  Presses univeritaires de Lyon, p. 313-326.
            Amossy,
                    R., and D. Maingueneau (éd.)
                  (2004), L'Analyse du discours dans les études littéraires,Toulouse,
                  Presses Universitaires de Toulouse-le-Mirail.
            Bally, Ch. (1965), Le Langage et
                    la vie, Genève, Librairie
                    Droz.
            Baroni,
                    R. (2002a), “Le Rôle des scripts
                  dans le récit”, Poétique, n° 129,
                  p. 105-126.
            Baroni,
                    R. (2002b), “Incomplétudes
                  stratégiques du discours littéraire et tension dramatique”, Littérature, n° 127, p. 105-127.
            Baroni,
                    R. (2003), “Genres littéraires
                  et orientation de la lecture”, Poétique, n° 134,
                  p. 141-157.
            Baroni,
                    R. (2004a), “La valeur littéraire
                  du suspense”, A Contrario, n° 2,
                  p. 29-43.
            Baroni,
                    R. (2004b), “Surprise et compétences
                  intertextuelles des lecteurs.”, Vox-Poetica,
                  http://www.vox-poetica.org/t/baroni.html.
            Baroni,
                    R. (2004c), “"Ainsi soit-il
                  !" Divergences entre les tensions endo-narratives et narratives”, Recherches
                  Sémiotiques / Semiotic Inquiry, n° 24,
                  p. 215-232.
            Baroni,
                    R. (2005a), “Compétences des
                  lecteurs et schèmes séquentiels”, Littérature, n° 137,
                  p. 111-126.
            Baroni,
                    R. (2005b), “Formes narratives
                  de l'action et dangers de dérives en narratologie”, Semiotica, n° 156, p. 45-60.
            Baroni,
                    R. (à paraître), La Tension
                    narrative. Thèse de doctorat soutenue le 2 juin 2005 à l’Université de
                    Lausanne.
            Barthes, R. (1970), S/Z, Paris,
                    Seuil.
            Barthes, R. (1973), Le Plaisir du texte, Paris,
                    Seuil.
            Beaugrande,
                      R., & B.
                    Colby (1979), “Narrative Models of Action and Interaction”, Cognitive
                    Science, n° 3, p. 43-66.
            Bouchard,
                    R. (1995), “Interaction,
                  discours et "tensions"”, in Modèles de l'interaction
                  verbale, D. Véronique & R. Vion (éd.), Aix-en-Provence,
                  Publications de l'université de Provence, p. 303-317.
            Bres, J. (1989), “Praxis, production de sens / d'identité, récit”, Langages, n° 93, p. 23-44.
            Bres, J. (1994a), La
                  Narrativité, Louvain, Ducolot.
            Bres,
                    J. (éd.) (1994b), Le
                      Récit
                    oral, suivi de Questions de narrativité, Montpellier,
                    Université Paul-Valéry - Montpellier III.
            Brewer,
                      W. (1996), “The
                    Nature of Narrative Suspense and the Problem of Rereading”, in Suspense.
                    Conceptualizations, Theoretical Analyses, and Empirical Explorations,
                    P. Vorderer, H. Wulff, and M. Friedrichsen (éd.), Mahwah, Lawrence
                    Erlbaum Associates, p. 107-127.
            Brewer,
                      W., & E.
                    Lichtenstein (1982), “Stories Are to Entertain: A Structural-Affect
                    Theory of Stories”, Journal of Pragmatics, n° 6, p. 473-486.
            Bronckart, J.-P. (1996), Activité langagière,
                    textes et discours. Pour un interactionnisme socio-discursif, Lausanne & Paris, Delachaux & Niestlé.
            Bruner, J. (2002), Pourquoi nous racontons-nous des histoires
                    ?, Paris, Retz.
            Caffi,
                    C. (2000), “Aspects du calibrage
                  des distances émotives entre rhétorique et psychologie”, in Les
                  Emotions dans les interactions,
                  Ch. Plantin, M. Doury, and V. Traverso (éd.), Lyon, Presses univeritaires
                  de Lyon, p. 89-104.
            Eco, U. (1985), Lector
                      in Fabula, Paris, Grasset.
            Eco,
                  U. (1986), “Abduction en Uqbar”, Poétique, n° 67, p. 259-268.
            Fontanille,
                    J., & J.-F. Bordron
                  (éd.) (2000), Sémiotique du discours et tensions rhétoriques, Paris,
                  Larousse.
            Fontanille,
                    J., & C.
                    Zilberberg (1998), Tension et signification, Paris,
                  Mardaga.
            Genette, G. (1972), Figure III, Paris,
                    Seuil.
            Geninasca, J. (1997), La
                    Parole littéraire, Paris, PUF.
            Gervais,
                    B. (1992), “Lecture: tensions
                  et régies”, Poétique, n° 89, p. 105-125.
            Greimas,
                    A. J., & J.
                    Fontanille (1991), Sémiotique des passions, Paris,
                  Seuil.
            Grivel, C. (1973), Production
                  de l'intérêt romanesque, Paris & The Hague, Mouton.
            Hénault,
                    A. (1994), Le Pouvoir
                    comme passion, Paris, P.U.F.
            Hoeken,
                      H., & M.
                    Van Vliet (2000), “Suspense, Curiosity, and Surprise: How Discourse
                    Structure Influences the Affective and Cognitive Processing of
                    a Story”, Poetics, n° 26, p. 277-286.
            Iser, W. (1976), L'Acte
                  de lecture. Théorie de l'effet esthétique, Bruxelles, Pierre Mardaga.
            Jakobson, R (1963), Essais
                      de linguistique générale, Paris,
                      Editions de Minuit.Maury-Rouan, Claire, and Robert Vion (1994), “Raconter
                    sa souffrance: gestion interactive de la tension narrative”,
                    in Le Récit oral, Jacques Bres (éd.), Montpellier, Université Paul-Valéry
                    - Montpellier III, p. 215-226.
            Jauss,
                    H. R. (1979), “La Jouissance
                  esthétique. Les expériences fondamentales de la poiesis, de l'aisthesis
                  et de la catharsis”, Poétique, n° 39, p. 261-274.
            Jose,
                      P. E., & W.
                    F. Brewer (1984), “Development of Story Liking: Character Identification,
                    Suspense, and Outcome Resolution”, Developmental Psychology, n° 20,
                    p. 911-924.
            Jouve, V. (1992), L'Effet-personnage
                    dans le roman, Paris, PUF.
            Labov,
                    W. (1978), “La transformation
                  du vécu à travers la syntaxe narrative”, in Le Parler ordinaire, (éd.), Paris, Gallimard, p. 457-503.
            Mandler,
                      J., and N. S. Johnson (1977), “Remembrance of Things Parsed: Story Structure
                    and Recall”, Cognitive Psychology, n° 9,
                    p. 111-151.
            Maury-Rouan,
                    Claire, and Robert Vion (1994), “Raconter sa souffrance: gestion interactive de la tension
                  narrative”, in Le Récit oral,
                  Jacques Bres (éd.), Montpellier, Université Paul-Valéry - Montpellier
                  III, p. 215-226.
            Mink,
                      L. O. (1969-1970), “History
                    and Fiction as Modes of Comprehension”, New Literary History, n° 1,
                    p. 541-558.
            Perelman, Ch. (1977), L'Empire
                    rhétorique. Rhétorique et argumentation, Paris,
                    Vrin.
            Petitat,
                    A., & R. Baroni (2004), “Récit
                  et ouverture des virtualités. La matrice du contrat”, Vox-Poetica, http://www.vox-poetica.org/t/pbar.html. 
            Petitat,
                    A., & R. Baroni (2000b), “Dynamique
                  du récit et théorie de l'action”, Poétique, n° 123,
                  p. 353-379.
            Peirce, C. (1978), Ecrits sur le
                    signe, Paris, Seuil.
            Picard, M. (1986), La
                      Lecture comme jeu: essai sur la littérature, Paris,
                    Editions de Minuit.
            Plantin,
                      Ch., M. Doury, and V. Traverso (éd.) (2000), Les Emotions dans
                    les interactions, Lyon, Presses
                    universitaires de Lyon.
            Prieto-Pablos,
                      J. (1998), “The Paradox of Suspense”, Poetics, n° 26,
                    p. 99-113.
            Revaz, F. (1997), Les Textes d'action, Paris, Librairie Klinksieck.
            Ricœur,
                    P. (1983), Temps
                      et récit
                    I, Paris, Seuil, coll. Points.
            Ricœur,
                    P. (1984), Temps
                      et récit
                    II. La configuration dans le récit de fiction, Paris,
                    Seuil, coll. Points.
            Ricœur,
                    P. (1985), Temps
                      et récit
                    III. Le temps raconté, Paris,
                    Seuil, coll. Points.
            Ryan, M.-L. (1994), “Immersion vs. Interactivity: Virtual Reality
                    and Literary Theory”, http://www.humanities.uci.edu/mposter/syllabi/readings/ryan.html. 
            Ryan, M.-L.
                    (éd.) (2004), Narrative across
                      Media. The Languages of Storytelling, Nebraska,
                      University of Nebraska Press.
            Sadoulet,
                    P. (1995), “Convocation
                  du devenir, éclat du survenir et tension dramatique”, in Le
                  Devenir, J. Fontanille (éd.), Limoges, PULIM, p. 91-113.
            Schaeffer, J.-M. (1999), Pourquoi
                    la fiction ?, Paris, Seuil.
            Sternberg, M. (1978), Expositional
                      Modes and Temporal Ordering in Fiction, Baltimore & London,
                      Johns Hopkins University Press.
            Sternberg,
                      M. (1990), “Telling
                    in time (I): Chronology and Narrative Theory”, Poetics Today, n° 11,
                    p. 901-948.
            Sternberg,
                      M. (1992), “Telling
                    in time (II): Chronology, Teleology, Narrativity”, Poetics
                    Today, n° 13, p. 463-541.
            Van
                      Dijk, T. (1976), “Philosophy
                    of action and theory of narrative”, Poetics, n° 5, p.
                    287-338.
            Vanni, M. (1996), “Stimmung et
                    identité narrative”, in Autour de la poétique de Paul
                    Ricoeur, Raphaël Célis et Maurice Sierro (éd.), Etudes de
                    Lettres, p. 89-108.
            
                
            
            
            
            
            
            
            
            
            
            
            
             
            Article publié le 15 décembre 2005